Page:Eekhoud - Myrtes & Cyprès, 1877.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
111
Myrtes et Cyprès.


J’avais six ans… Pour moi la terre était joyeuse ;
Tout plaisait à mes sens, la nature amoureuse,
Son soleil, ses parfums, ses souffles et ses fleurs,
Et mes larmes n’étaient pas encore des pleurs.

C’est que je possédais ce trésor de tendresses,
Cet ange qui nous aime et vit de nos caresses,
Ce gardien du berceau, puis soutien de nos pas,
Qui nous donne toujours et qui ne compte pas.

J’avais ma mère enfin, cette mère chérie,
Esprit que Dieu créa pour embellir la vie,
Refuge où vont frapper chacun de nos secrets,
Partageant notre espoir ainsi que nos regrets.

Elle disait souvent, dans sa candeur de mère :
« Quand mon fils sera grand, de l’existence amère
À son cœur je ferai supporter le destin.
Ce qui doit l’accabler devra d’abord m’atteindre.