Page:Eekhoud - Myrtes & Cyprès, 1877.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
110
Myrtes et Cyprès.

Éloignés maintenant du monde des misères,
Vous y laissez un fils, objet de vos amours.
À genoux près de Dieu, dans vos saintes prières,
N’oubliez pas celui qui vous aime toujours.

Vous nous abandonnez, âmes tendres et chères !
Et vous nous retirez vos soins si nécessaires,
    Pour suivre un Dieu jaloux !
Combien de blanches rieurs meurent à peine écloses !
Pourquoi tant de boutons voient-ils si peu de roses ?
    Seigneur, le savez-vous ?

Rien n’est certain ici, l’existence est un rêve ;
Le banquet souriant dans les regrets s’achève.
    Point de plaisir sans deuil !
Nous abandonnons tout pour le fatal voyage ;
On ne nous laisse rien, à l’enfant comme au sage,
    Que le bois d’un cercueil.


Soleure, juin 1866.