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Myrtes et Cyprès.


Maintenant, entends-tu ces cris affreux, funèbres
Comme ceux que l’enfant jette au fond des ténèbres
xxxxxLorsque seul il s’est égaré ?
C’est ton peuple, empereur, que l’étranger avide
Égorge triomphant, et la terre est humide
xxxxxDu sang de ce peuple adoré.

Vois-tu fuir ce carrosse en pompeux équipage
Qu’escorte l’Allemand à l’allure sauvage,
xxxxxD’un air satisfait et moqueur ?
« C’est sans doute Bismarck repartant pour Mayence !
— Détrompe-toi, c’est l’héritier de ta puissance
xxxxxQui vient de se rendre au vainqueur. »

Grande ombre du passé, sur ton roc solitaire,
Pleure, toi qu’encensaient les princes de la terre,
xxxxxBonaparte-Napoléon.
N’était-ce pas assez de l’âpre Sainte-Hélène ?
N’était-ce pas assez de te mettre à la chaîne,
xxxxxGéant trahi comme Samson ?