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Myrtes et Cyprès.

Et ce charme secret, ce parfum d’innocence
Que dégage l’enfant par sa seule présence
Vient réchauffer alors mon cœur endolori.

Maintenant que les ans ont mûri ma jeunesse,
Je sens toujours en moi cette même tendresse,
Ce même lien touchant, pure et blanche lueur !
Ma lèvre a bien souvent dans la coupe de vie
Goûté d’autres amours ; mais tous avaient leur lie,
Aucun n’avait le miel que distillait ton cœur.

Ainsi, lorsque d’avril la chaleur bienfaisante
Rend aux jardins déserts leur parure éclatante,
L’aube épanouissant le modeste bouton,
Parmi toutes les fleurs, celle que l’on préfère
Est celle que l’on vit éclore la première,
Annoncer le retour de la belle saison.

Lorsque je te connus, cinq printemps sur ta bouche
Avaient mis tour à tour un baiser protecteur ;