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Préface

en est arrivé à être moins candide, plus sceptique que lui !

Si René vivait en l’an de grâce 1876, il oublierait ses chagrins secrets et ne demeurerait pas longtemps près des paisibles Natchez. Werther prendrait son parti de la chaste obstination de Charlotte ; que dis-je ? qui sait si cette dernière hésiterait longtemps à sacrifier Albert à son amour coupable ?

Je vais peut-être un peu loin ; mais c’est du moins l’effet que produit sur le poëte l’esprit du siècle actuel.

Voilà pourquoi je crains pour mes pauvres vers.

Ils sont, du reste, de ceux qu’on s’amuse d’écrire à ses moments perdus, ou plutôt à ses intervalles de répit, entre deux tiraillements de la vie banale, entre deux secousses de la vie d’émotions.

Ils sont nés, l’hiver, au coin de l’âtre ; l’été, à la campagne, sous les ombrages et les étoiles,