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LES FUSILLÉS DE MALINES

avec un millier de soldats et du canon, c’était lui, Chiel, qui allait s’en emparer sans coup férir, à la tête de cette poignée d’hommes résolus ! Jamais pareille occasion ne se retrouverait. Décidément la Providence aidait les siens ! À condition de ne point perdre une minute, dans une heure ils seraient maîtres de la place !

D’urgence, le Torse n’attendit point l’approbation du commandant général et se contenta de lui envoyer avis de l’initiative qu’il prenait.

À peine eut-il commandé « marche ! », que ses hommes fonçaient en avant en poussant un sauvage hourrah !


Son contingent était composé pour la plupart de gars de Bonheyden et des villages riverains de la Dyle, même d’au delà, dans le Brabant. C’étaient tous gaillards d’élite, musclés, gigottés, se modelant avantageusement dans leurs frusques : ouvriers agricoles, faneurs, gagne-deniers, simples goujats. Le plein jour éclairait des visages ambrés, rougeauds, brunis, recuits par les intempéries, gercés à l’évent,