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LES FUSILLÉS DE MALINES

natives de silences pantelants et d’effusions orageuses. Au fond de ce sentiment un désir religieux comme l’abnégation et, chez les coquettes, le repentir de leurs manèges taquins et de leurs résistances. Les fiancées, même celles qui n’avouèrent pas encore leur amour, sentent arrivée l’heure des épousailles imminentes. Le moyen de se dérober à la péremptoire assiduité de ces élus. L’acte consommé sous la suggestion de cette heure tragique aura toute la vertu du mariage. Et s’ils ne reviennent pas, les séducteurs, leurs aimées porteront le deuil des veuves, et les bâtards de ces martyrs seront plus glorieux que des fils légitimes !

Ce soir climatérique, comme aux temps antédiluviens, les filles des hommes purent se croire visitées par les archanges. Et pour beaucoup de patriotes cette veillée d’armes fut une veillée d’amour !


Vers minuit, l’Oiseleur reparut devant son chef. Cela devenait sérieux : un général, Béguinot, était entré à onze heures à Malines avec du canon et des troupes de