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LES FUSILLÉS DE MALINES

— Impossible, Linette ! Un autre jour si tu veux. Quand nous aurons chassé les Français… Je repars à l’instant même… D’ailleurs, il n’y a plus personne sous le tilleul. Les musiciens sont couchés…

— C’est dommage, na !

— Quel gros soupir !… Bonsoir Linette !

— C’est-il longtemps que tu seras parti ? Si nous nous embrassions ?

— Quelle folle tu fais !

Les deux enfants échangèrent une chaste et franche caresse, la première… La petiote aurait eu envie de recommencer. Il devinait juste, l’Oiseleur ! Elle se sentait la tête à l’envers, toute déroutée ce soir. Cette musique, dans le lointain, peut-être ? Mais Tistiet avait déjà repris sa course. À dire vrai, un instant trouvant Linette plus à son goût que jamais, il aurait bien voulu s’attarder auprès d’elle, simple histoire de jouer. Mais la chair framboisée de la sauvageonne ne le retint pas plus que les fumets du midi dominical. Il était dit qu’il résisterait à toutes les tentations…

Et pourtant, disséminés dans la campagne complice, cette nuit fatidique tant