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LES FUSILLÉS DE MALINES

de rallier le contingent de Duffel ; mais Chiel le Torse parle de courir directement sus à l’ennemi et de marcher sur Malines.


Ils n’étaient point encore tombés d’acord, lorsque, vers onze heures, un cavalier déboucha tout à coup, au grand trot, devant l’église. Il avait des bottes à revers, une blouse endossée par dessus la tunique, la mine d’un fils de famille. Les buveurs intrigués sortirent des cabarets, s’ameutèrent autour de lui en le dévisageant d’un air torve, à la façon des molosses hargneux qui flairent et persécutent un intrus. Il fit caracoler son cheval avec aisance et poussa ce cri, en brandissant un grand sabre de dragon : « Leven de Patriotten ! » Le malentendu n’était plus possible. La foule, qui menaçait il y a un moment de lui faire vider les étriers, aida hospitalièrement le cavalier à descendre de cheval, une flopée de gamins glorieux de jouer aussi un rôle en ce jour d’agitation, conduisirent la bête à l’écurie, et l’inconnu s’étant informé de leurs chefs, en un pur dialecte des environs