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LES FUSILLÉS DE MALINES

Paul[1]. Rien n’empêche donc Tony d’imiter l’exemple de l’Oiseleur. Et le placide travailleur, qui ne tuerait pas une bestiole, va devenir tueur d’hommes. En se présentant, il regarde, d’un air dépaysé, ses larges mains momentanément oisives, ses mains vigoureuses, comme si c’étaient celles d’un autre ! Et peut-être ce serf patient et résigné de la glèbe éprouve-t-il déjà la nostalgie du labeur et du foyer ! Tistiet le raille et le réconforte. Ils seront les deux benjamins de la troupe.


Pendant que Guillot s’échine, au milieu du brouhaha et de la fumée, à coucher sur les rôles cette fournée de volontaires, sous les chaumes, mères et sœurs, séchant leurs yeux rougis, font courir l’aiguille dans les nippes de leurs fils et de leurs frères, reprisent les bas, empèsent et repassent les sarraux, rapiècent les culottes patinées comme de vieilles monnaies. Elles se sont fait une raison ! Elles veulent les miliciens pimpants, farauds et braves comme pour

  1. Voir, dans les Nouvelles Kermesses, la Fête des SS. Pierre et Paul.