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LES FUSILLÉS DE MALINES

l’étroit sanctuaire que ceux qui se piétaient, tête nue, au dehors, devant le porche ; tous, sans exception, tombèrent prosternés, d’un seul bloc, leurs genoux cognant la dalle avec un cliquetis farouche, comme si le souffle même de Dieu les eût abattus.

Quelles mains prévoyantes avaient paré l’autel dénudé ? Des chandelles ménagères brûlaient dans ces flambeaux de cuivre qui décorent les âtres rustiques, et les fleurs de l’arrière-saison masquaient l’usure de la seule nappe blanche laissée par les traînards républicains dans les armoires du bourgmestre. Quant au calice, au corporal et aux burettes, le saint homme les avait sans doute empruntés au trésor des anges ?

Aux trois coups de la clochette sonnés par un des enfants de chœur, le vénérable célébrant entonna l’introït, et le silence était si profond, si absolu, que sa voix éteinte et chevrotante résonnait avec l’éclat d’une fanfare.

Ce que fut cette messe ? Pour se la représenter il faudrait remonter aux premiers jours de l’Église, à ces offices célébrés dans les catacombes, parmi les cendres encore