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LES FUSILLÉS DE MALINES

habits dominicaux, munis de chapelets, tendaient à larges enjambées vers leur église. La cohue grossissant à chaque carrefour, roulait d’une poussée au cœur du village, où ses premières files venaient battre, au risque de la renverser, les fragiles murailles du temple. Tous les arrivants ne parvenaient pas à s’enfourner par l’étroit portail. Ils assiégeaient le sanctuaire avec une irrévérence touchante, ils y apportaient l’ardeur fauve et bourrue de naufragés sur le point d’atterrir, de pèlerins fourgonnés à l’approche des reliques.

Aimantées à leur tour, les cinq vedettes dégringolèrent précipitamment l’escalier. Il était temps. À grand’peine nos amis arrivèrent à se tasser sous le jubé. L’église refoulait ses visiteurs dans le cimetière et jusque sur le parvis. Tous étaient là, même ceux des hameaux lointains, des fermes perdues, même ceux des paroisses circum-voisines.

D’ordinaire ils arrivaient au premier office, encore hébétés par le sommeil, trébuchant, tournant les poings dans les orbites, et se pinçant pour ne pas se ren-