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LES FUSILLÉS DE MALINES

droiture se dégageait de son inculte personne que jamais fermier ne lui aurait refusé la platée et le gîte. Il s’acquittait envers ses hôtes en donnant le lendemain, suivant la saison, un coup de main aux moissonneurs ou aux batteurs en grange. Patriote et chrétien exalté, trop jeune pour être incorporé lui-même dans l’armée républicaine, depuis les promulgations de la loi militaire et la chasse aux conscrits, il servait de messager et de pourvoyeur aux réfractaires du pays, et les prévenait de l’approche des colonnes mobiles.

— Hourrah les hommes ! cria-t-il en entrant dans l’estaminet. C’est fini de gémir et de gronder. On en vient aux mains. On se cogne, et ferme, de l’autre côté de l’Escaut ! Les nôtres triomphent à Beveren et guignent la grande ville d’Anvers… Cela chauffe en Campine comme en Flandre… Avant une heure toute la contrée sera debout… Voyez… Écoutez plutôt.

Ils se précipitèrent sur la chaussée. Par cette tiède, un peu humide soirée, à cette