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LES FUSILLÉS DE MALINES

mesure les prisonniers. Quelques heures de tourmente avaient suffi pour aguerrir et tremper le moral de ces villageois, si promptement intimidés auparavant, et, sous les regards menaçants qui les dévisageaient, aucun ne baissa les yeux.

Après lecture d’un rapport, en français, sur les événements des deux dernières journées, les accusés furent mis, l’un après l’autre, sur la sellette. Le président leur posait à chacun les mêmes questions. Un employé municipal traduisait, à peu près, ces questions en flamand et donnait une version, plus approximative encore, des réponses flamandes. On demandait aux paysans leurs nom et prénoms, le nom de leur mère, leur lieu de naissance, leur domicile, leur profession. Ces noms de terriens et de terroirs flamands, prononcés à la diable par le juge et l’interprète, n’étaient pas orthographiés avec plus de soin par le greffier. Dam ! on n’y regardait pas de si près avec des brigands !

L’interrogatoire des prévenus roulait, en outre, sur les motifs de leur arrestation, l’époque de leur enrôlement et de leur