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LES FUSILLÉS DE MALINES

pour voler à la rencontre de leurs frères. Ils les hèlent à travers la serrure. Pas de réponse. Cependant les arrivants se rapprochent à pas mesurés. On leur ouvre.

Les voilà ! Guillot la Taupe, Tony Van Eylen et les autres ! Mais leur pâleur, leurs regards, leur physionomie, toute leur contenance proclame leur défaite avant qu’ils desserrent les lèvres et avant même que surgissent derrière eux les fusils de l’escorte qui les réunit aux autres prisonniers !

À peine les gardiens se sont-ils retirés que Chiel, en proie à une violente exaltation, se jette au pied de Willem : « C’est ma faute, s’exclame-t-il ! Mes amis, c’est moi qui vous ai perdus ! Je suis cause de tout le mal. Sans ma négligence, notre cause triomphait. Criminel imbécile que je suis de m en être fait accroire par le premier ivrogne venu, qui racontait notre triomphe sur toute la ligne ! »

— Non, c’est faux ! Chiel s’accuse à tort. Il n’y a de coupables que nous ! déclarent le Schalk et le Blanc. Chiel restait incrédule jusqu’à la dernière heure. C’est nous qui nous efforcions d’endormir sa vigi-