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LES FUSILLÉS DE MALINES

Pioches en l’air, en garde les faulx, aux boyaux les fourches !

Le Schalk empoigne son marteau de forgeron. Rik le Blanc manœuvre du fléau et Chiel le Meunier soulève, à défaut d’un sac de farine, le corps pansu d’un gendarme. Fléau, pilon et lourde carcasse s’abattent sur les approchants.

C’est donc de la blanche cervelle humaine, Chiel, que tu veux moudre aujourd’hui ! Schalk, c’est du feu liquide que tu fais jaillir de l’enclume, et, sur ma parole, ce sont des cheveux et des poils, mon brave Rik, qui restent collés, au lieu de bâle et de bourriers, à la verge de ton fléau !

Longtemps encore, nos manœuvres auraient abattu leur effrayante besogne, si la cavalerie, après avoir opéré un mouvement tournant, n’était venue tomber sur le dos de l’intrépide équipe. Les grands sabres secouraient les baïonnettes. En quelques secondes le carnage réduisit à une dizaine, les cent braves manieurs d’outils.

Sommés de se rendre, pour toute réponse les survivants continuaient leur formidable