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LES FUSILLÉS DE MALINES

foule évacuant la place, Chiel le Torse profita des vides qui se produisaient, pour se rapprocher de ses amis, et autour de ce noyau se rallia bientôt une importante fraction des « sarraux bleus » partis avec ceux de Bonheyden.

Voués à la mort, en dépit de leur soumission, les défaillants rougissant d’un moment de faiblesse et ramassant la carabine ou l’outil, rentraient dans les rangs des braves.

S’ils n’avaient pas été paralysés par la débâcle, Chiel et les siens n’auraient pas attendu aussi longtemps pour tenter l’évasion de cette aire de malheur. Du moment qu’ils eurent les coudées franches et la liberté de leurs mouvements, ils se décidèrent à agir.

Soudain cinq coups de fusils partirent de la place, cinq gendarmes français roulèrent sur le carreau. À la faveur du trouble causé par cette offensive subite, sans attendre la riposte, avec une clameur assourdissante, les ruraux foncèrent au pas de course et passèrent, d’une escousse, à travers la barricade

Le troupeau, déjà bloqué et parqué dans