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LES FUSILLÉS DE MALINES

par le Schalk, avant de lâcher le dernier point d’appui que celui-ci lui offre, Tistiet repousse malicieusement, d’une nerveuse ruade, le gaillard du sommet, et patatra ! la masse recrue, essoufflée, suant à grosses gouttes, s’effondre, les uns par dessus les autres, et c’est devant la porte un culbutis de grenouillante chair humaine, un carambolage de têtes et de fesses, des ricochets de nez et de culasses, des caboches prises entre des cuisses comme dans un cassenoix, des lèvres bouquant ce que les sorciers s’embrassent à la Messe-Noire, un enchevêtrement de jambes et de bras, une barricade de tronçons vivants cherchant à se déblayer de cette collectivité incohérente et à recouvrer leurs fonctions individuelles, un patrouillage féroce que Tistiet, à califourchon sur le fronton de la porte, salue d’un rire de kobold égrillard !

Puis, hop ! l’Oiseleur saute d’un élan dans la ruelle et avant que ses aides se soient ramassés, il retombe sur ses pattes, fait jouer les verrous et tire les battants de la porte.

Avec l’impétuosité des eaux d’un canal