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LES FUSILLÉS DE MALINES

un autre détachement au pas de course, vers la prison où sont détenus des prêtres insermentés et des gentilhommes. Pour se faire ouvrir les portes des cachots ils sont obligés de recourir à la menace et de secouer d’une manière significative le geôlier Verhulst.

À l’aspect de ces hommes misérablement vêtus, à leur abord brusque, à leurs façons âprement franches, aux formules un peu crues de leur langage, au timbre rêche de leur voix, ceux qu’ils viennent délivrer, gent policée et délicate, se reculent avec effroi dans le fond de leur cellule et prennent leurs libérateurs pour les valets des bourreaux.

Les éclats de voix et la débauche des gestes les rassurent imparfaitement sur la mission de ces prétendus amis, et refusant de croire aux sublimes intentions animant ces infimes, les prisonniers se cramponnent désespérément à leurs barreaux. Au point que pour gagner du temps les paysans se résignent à brusquer leurs gracieux châtelains et pasteurs. Avec un comique et touchant mélange de crainte révérencielle et de