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LES FUSILLÉS DE MALINES

besogne, et peut-être quelques chrétiens de la bande. Chiel le Torse songe à remédier au plus vite à ces conditions déplorables et se fait conduire, par une de leurs recrues malinoises, avec une fraction de son clan, au magasin à poudre et à l’arsenal des Français, situés au dehors de la Porte de Diest.

Ces magasins, sommaires baraques, étaient établis dans un petit fortin entouré de palissades et de fossés. Un seul factionnaire en avait la garde. En un tour de main, les gaillards, déjà dressés à cet exercice, désarmèrent gentiment cette sentinelle et la confièrent avec délicatesse à un trio capable de lui inspirer le respect. Puis, ils enfoncèrent la porte, firent irruption dans l’entrepôt, éventrèrent caques, barils, boîtes à cartouches ; firent s’écrouler des piles de boulets, et remplirent de poudre, de pulvérin, de relien, de balles, de cartouches, de mitraille, de tout ce qu’ils empoignaient et palpaient, leurs poches, leurs goussets, leurs bissacs, et jusqu’aux coiffes de leurs feutres. D’aucuns convertissaient en flasques et en fourniments, les