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LES FUSILLÉS DE MALINES

Place, au tournant de la Halle aux Poissons, devant la cathédrale, ils rencontrent la colonne venue du Petit-Brabant et des Flandres. Impossible de se méprendre sur les sentiments de ceux-ci ! Ils portent les mêmes blouses, les mêmes armes précaires, poussent des vivats dans la même langue barbare et d’une voix tout aussi fruste ! Dès qu’elles se sont aperçues, les deux bandes courent l’une vers l’autre, fraternisent, se fusionnent de manière à n’en former qu’une seule. À la bonne heure ! Rien n’entamera plus leur confiance à présent.


Tandis qu’ils se réjouissent de leur réunion et lient, le demi-litre en main, plus amplement connaissance, surviennent quinze artilleurs et une dizaine de gendarmes français que Béguinot a laissés pour garder la place. Aussitôt les rangs se reforment, on se prépare à recevoir honorablement ces indiscrets.

— En joue, camarades ! commande Chiel, reconnu aussi pour chef par les ruraux du Petit-Brabant.

Devant cet imposant effectif, et ignorant