Page:Eekhoud - Kermesses, 1884.djvu/174

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

abandonnées lui pardonnaient. Il ne les quittait pas sans espoir de retour. Ses revenez-y, ses regains de tendresse furent souvent plus passionnés que ses primes liaisons.

À la longue, toutes n’ayant pas la même patience et la même abnégation, les affaires commencèrent à se gâter. Des filles-mères entendirent assez logiquement endosser leurs poupons au plus vigoureux de leurs dompteurs. Le cabaret des Tybout retentit des giries des délaissées, des menaces de leurs protecteurs naturels. En vain le vieux Tybout, fatigué de ces criailleries, la pauvre menuisière, inquiète pour le larron d’honneur, l’engageaient-ils à suivre l’exemple de ses aînés, successivement appariés et établis. Lorsqu’on entamait ce chapitre, il sifflotait un refrain de la dernière foire de Putte en battant la mesure sur la vitre, ou, si les exhortations le relançaient à l’atelier, il tirait du rabot et de la scie des grincements et des plaintes si épouvantables que l’admonesteur fuyait en se bouchant les oreilles.

Pourtant un matin, sa mère parvint à le fléchir et, résolu à en finir avec sa vie de coucou, il se rendit à la cure en compagnie de sa dernière, conquête, la gente Siska du cordonnier Simons.

Le curé ne fut pas médiocrement ébaubi en voyant entrer chez lui ce grand retrousseur de cottes. Mais l’ébahissement du saint homme devint de la stupeur lorsque Mark lui eut exposé le but de cette démarche.

— Quoi ? Vous voulez vous marier, vous ? Le plus mauvais sujet de la paroisse ! Le monde s’abîme pour