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PREMIERE SECTION.

porte le nom de Beliounech بليونش ; il y a de l’eau courante, des sources d’eau vive et toute sorte de productions.

Il existe à l’orient de cette ville une montagne dite Djebel el-Mina جبل المينة, et sur le plateau qui couronne cette montagne, une muraille construite par ordre de Mohammed ben-beni-A’mer à l’époque de son retour d’Andalousie. Il voulait transférer la ville sur ce plateau ; mais la mort le surprit lorsqu’il venait d’en achever les murs. Les habitants de Sebta n’eurent pas la possibilité de se transporter à el-Mina ; ils demeurèrent dans leur ville et el-Mina resta privée de population. Quant au nom de Sebta سبتة[1], il lui fut donné parce qu’en effet elle est bâtie sur une presqu’île close par la mer de toutes parts, excepté du côté du couchant, en sorte qu’il ne reste (à sec) qu’un isthme de la largeur de moins d’un jet de flèche. La mer qui baigne ses murs au nord se nomme mer de Zakak كر الزقاق ; celle du côté du midi porte le nom de mer de Bosoul كربسول ; Sebta est un port excellent où l’on est à l’abri de tous les vents.

« Il existe auprès de Sebta des lieux où l’on pêche de gros poissons[2]. Nulle côte n’est plus productive, soit sous le rapport de l’abondance, soit sous celui de la qualité du poisson. On en compte plus de cent espèces différentes, et l’on se livre particulièrement à la pêche du gros poisson qui s’appelle le thon التن, et qui se multiplie beaucoup dans ces parages. On s’embarque dans des nacelles, muni de lances (ou de harpons) ; l’extrémité de ces lances renferme des ailes qui, en se déployant, pénètrent dans le corps du poisson et n’en sortent plus. Le bois du harpon

  1. L’étymologie proposée par Édrisi consiste à faire dériver le nom de Ceuta du mot latin septa, qui signifie enclos.
  2. Ainsi que nous l’avons fait remarquer dans la note explicative placée en tête du tome Ier, p. xxiv et ailleurs, les passages compris entre guillemets n’avaient jamais été traduits. Les deux manuscrits de la Bibliothèque du roi présentent donc un texte beaucoup plus complet que ne l’est celui qui a été reproduit en arabe et traduit en espagnol par M. Conde.