Page:Edrisi - Géographie, traduite par P. Amédée Jaubert, tome second.pdf/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
2
QUATRIÈME CLIMAT.

5 journées. La plus grande largeur de cette presqu’île est d’environ 17 journées, à partir d’un cap[1] de l’extrême occident où se termine la portion habitée de la terre ceinte par la mer Océane[2]. Personne ne sait ce qui existe au delà de cette mer, personne n’a pu rien en apprendre de certain, à cause des difficultés qu’opposent à la navigation la profondeur des ténèbres, la hauteur des vagues, la fréquence des tempêtes, la multiplicité des animaux monstrueux et la violence des vents. Il y a cependant dans cet Océan un grand nombre d’îles, soit habitées, soit désertes ; mais aucun navigateur ne se hasarde à le traverser ni à gagner la haute mer ; on se borne à côtoyer, sans perdre de vue les rivages. Les vagues de cette mer, hautes comme des montagnes, bien quelles s’agitent et se pressent, restent cependant entières et ne se brisent (littér. ne se fendent) pas. S’il en était autrement, il serait impossible de les franchir.

La Méditerranée, d’après ce qu’on raconte, était autrefois un lac fermé, comme l’est aujourd’hui la mer du Tabaristan (la Caspienne) dont les eaux n’ont aucune communication avec celles des autres mers, de sorte que les habitants de l’extrême occident faisaient des Invasions chez les peuples de l’Andalousie et leur occasionnaient toute sorte de dommages. Ces derniers, à leur tour, résistaient aux Africains et les combattaient de tout leur pouvoir. Les choses demeurèrent ainsi jusqu’à l’époque où Alexandre pénétra dans l’Andalousie et apprit des habitants de ce pays qu’ils étaient en guerre continuelle avec ceux de Sous اهل السوس. Ce prince fit venir des ingénieurs et leur indiqua le lieu dit el-Zakak الزقاق (le Détroit), dont le terrain était aride, leur prescrivit de le mesurer avec le niveau et d’en comparer la hauteur avec celle de la surface de chacune des deux mers. Ceux-ci trouvèrent que le niveau de la grande mer était plus élevé

  1. Le cap Saint-Vincent.
  2. Voyez tom. Ier, pag. 3.