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toman. Jean Castriot lui-même capitula et donna pour otage son fils George, si célèbre plus tard sous le nom de Scanderbeg. Mais, sur de nouvelles difficultés survenues entre les Turcs et l'empereur byzantin, Amurath envahit derechef la Grèce en 1446. Après avoir reçu à Thèbes la soumission de Neri Acciajuolo, il s'avança vers l'isthme, inutilement fortifié par le despote du Péloponèse, Constantin Paléologue; s'empara de Corinthe et de Patras, qu'il livra aux flammes, et acheva la soumission du pays, dont les deux anciens despotes, Constantin et Théodore, gardèrent le gouvernement sous ses ordres.

IX

Cependant Georges Castriot, élevé dans l'islamisme et incorporé parmi les janissaires, n'avait oublié ni sa religion, ni sa patrie. Profitant de l'éloignement de Mahomet, qui avait le pouvoir en l'absence de son père Amurath, il résolut de s'enfuir et d'aller rejoindre ses compatriotes. Les circonstances de sa vie sont des plus romanesques. On voit d'abord Castriot arracher au secrétaire du sultan un ordre qui le met, lui, simple soldat, en possession de l'imprenable citadelle de Croïa, dans l'Albanie ou haut Épire. Il poignarde le secrétaire, se rend maître de Croïa, se déclare soldat de Jésus-Christ, et, avec une poignée d'hommes résolus, il tient vingt ans en échec toutes les forces ottomanes. Deux fois les armées du sultan se brisent devant les remparts de Croïa dix fois peut-être, sultans et pachas prennent la fuite devant la troupe que commande Castriot, le nouvel Alexandre, Scanderbeg, comme l'appellent les Turcs. Il meurt enfin, après avoir vu s'écrouler Constantinople, et,