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VI

Les Francs surent se maintenir plus longtemps en Grèce qu’à Constantinople. Après bien des vicissitudes, le duché d’Athènes passa de la famille de Jean de Brienne aux Acciajuoli de Florence. La rivalité des seigneurs de la Livadię et du Péloponèse permit aux Paléologues, derniers empereurs grecs de Constantinople, de reconquérir quelque influence dans ce pays ; ils se firent prêter hommage par les Acciajuoli, et ils établirent même, comme gouverneurs, des membres de leur famille dans le Péloponèse. D’ailleurs ces malheureuses contrées n’en avaient pas fini avec les invasions étrangères. Pour soutenir les derniers débris de son empire mis en lambeaux par les Turcs, l’empereur byzantin avait fait appel à des aventuriers espagnols, les Catalans Almogavares. Ceux-ci, vêtus de fer, armés comme les chevaliers du moyen âge, remportèrent d’abord des victoires ; avant de combattre, ils avaient l’habitude, dit-on, de frapper le sol de leurs épées en s’écriant : Hierro, despierta té ! (Fer, réveille-toi !) Mais Andronic se montra perfide envers ces braves, dont le fer l’avait si bien servi ; il les paya en fausse monnaie, et fit empoisonner Roger del Flor, leur chef. Les Almogavares se jetèrent sur la Grèce et la Macédoine et commirent d’horribles ravages. Pendant longues années, leurs capitaines, Béranger d’Entença, Bernard de Roccafort, Ximenez d’Arenos, furent les maîtres de ce malheureux pays, et disposèrent des fiefs et des villes. Leurs cruautés ont laissé une si vive empreinte, que le souvenir s’en perpétue encore dans la mémoire de ces hommes si riches en souve-