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Le 20, au matin, l'escadre anglaise prit les devants, et fit voile pour pénétrer dans la baie de Navarin : l'escadre française voguait dans ses eaux et l'escadre russe formait l'arrière-garde. Grâce à un temps superbe, et par un vent de sud-ouest, l'Asia, que montait l'amiral Codrington, se trouva, vers une heure et demie, par le travers du fort du nouveau Navarin. Le fort arbora le pavillon turc et l'appuya d'un coup de canon à poudre. En même temps, un canot turc aborda le vaisseau amiral, afin de l'inviter à ne pas aller plus avant; mais Codrington répondit qu'il venait donner des ordres et non en recevoir. Les batteries de terre n'étaient pas armées, et l'on voyait les garnisons dispersées et en repos; partout régnait le silence. Les deux premières escadres franchirent la passe sans résistance, lorsque deux incidents, arrivés presque au même moment, décidèrent le commencement de la bataille.

XVII

L'amiral anglais avait envoyé un officier prévenir Moharem-Bey de son intention de ne pas ouvrir le feu sans être attaqué. Comme le canot débordait le navire turc, un coup de feu, parti d'un des sabords, tua le pilote grec, à côté même du parlementaire. En même temps, la frégate le Darmouth, capitaine Fellows, qui était chargé de surveiller les brûlots, ayant expédié une embarcation vers un d'eux pour l'engager à se déplacer, vit cette embarcation, dont la mission était toute pacifique, accueillie à coups de fusil par l'équipage du brûlot. Cette décharge tua le lieutenant qui commandait l'embarcation, ainsi que plusieurs matelots. Le Darmouth riposta par une décharge