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XII

Ibrahim avait donc reçu de nouveaux renforts; une flotte imposante était à sa disposition; la conquête de la Grèce était presque accomplie; il méprisa les menaces des trois puissances, et, poursuivant ses desseins, il fit sortir de Navarin une division navale chargée d'aller ravitailler Patras. Une autre division avait pour mission de déposer sur différents points de la côte des troupes destinées à dévaster le pays.

Les amiraux anglais et français furent bientôt informés de ces mouvements; quittant le parage de Zante où ils s'étaient retirés, ils marchèrent à la rencontre des deux divisions signalées. Tous les bâtiments étaient turcs, et leurs commandants, en face de forces imposantes, eurent recours à un subterfuge : feignant d'ignorer l'armistice conclu un mois auparavant avec le général égyptien, ils s'obstinèrent à passer outre; mais, sur la déclaration de l'amiral qu'il s'opposerait de vive force à leur passage, les deux détachements firent route vers Navarin, où ils reprirent leur précédent mouillage.

XIII

Trois jours après, l'amiral russe ralliait l'escadre de l'amiral Codrington, et enfin le 14 l'amiral de Rigny venait avec ses navires prendre position dans les eaux de Navarin. Avant de recourir aux mesures coercitives, les amiraux alliés résolurent de tenter encore une fois la voie des négociations; en conséquence, M. Cradock fut expédié sur la fré-