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XI

En même temps que les puissances avaient fait part du traité du 6 juillet au sultan Mahmoud, elles en avaient aussi donné communication à Méhémet-Ali. Un officier anglais, le lieutenant-colonel Cradock, avait été envoyé en Égypte pour prévenir le pacha de l'arrangement pris, et l'inviter à suspendre le départ d'une expédition préparée dans le port d'Alexandrie; mais le pacha, dont on connaissait d'ailleurs les projets d'indépendance, avait déclaré qu'il suivrait les ordres et la fortune de son souverain. Il avait fait les derniers efforts pour armer sa flotte, dont les équipages étaient composés de trois mille Arabes de nouvelle formation et sur laquelle il faisait embarquer un régiment d'infanterie de trois mille sept cents hommes, cent hommes de cavalerie, des munitions, des vivres et un million de piastres d'Espagne. Il ne devait rester dans le port d'Alexandrie qu'une frégate de soixante-quatre canons, une corvette de quarante-quatre et des bâtiments algériens, qu'on ne voulait pas exposer à être attaqués par les bâtiments français dans l'état de guerre où se trouvait la France vis-à-vis d'Alger.

Enfin, malgré les représentations faites à Méhémet-Ali, l'expédition turco-égyptienne, composée en tout de quatre-vingt-douze voiles, était sortie du port d’Alexandrie, avait échappé aux croisières des puissances alliées et était entrée dans le port de Navarin, où elle avait paisiblement débarqué ses troupes.