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rent leur courage et leur patriotisme que contre les conquérants Osmanlis.

V

La quatrième croisade changea pour longtemps la face de la Grèce. Après la prise de Constantinople et la proclamation d’un empereur latin, Beaudouin, duc de Flandre, les chevaliers et les barons se partagèrent le sol hellénique. En vain Léon Sgurre, qui, établi à Napoli de Romanie, dominait toute la Grèce, essaya-t-il de se défendre ; Boniface de Montferrat, qui avait reçu pour lot la ville de Thessalonique, pénétra dans la Thessalie et s’empara de Larisse. Puis, secondé par Villehardouin, il força les Thermopyles, conquit Athènes, franchit l’isthme, et acheva la soumission du Péloponėse, à l’exception du canton de Sparte. Le système féodal s’établit en Grèce à la suite de la conquête : on vit des ducs d’Athènes et et des princes d’Achaïe ; des sires de Thèbes, des comtes et des barons d’Étolie, d’Argos, de Corinthe, vassaux de l’empereur latin de Constantinople. Geoffroy de Villehardouin, l’historien de la croisade, était seigneur d’Argos. La domination des Francs dans la Grèce laissa des traces profondes. On retrouve encore les ruines de leurs tours féodales, des couvents et des églises qu’ils fondèrent, confondues pêle-mêle avec des débris d’une antiquité plus reculée ; et le souvenir de leur séjour a été conservé par une chronique versifiée, qui est un des premiers monuments de la nouvelle versification et de la nouvelle langue substituées à la poésie et à l’idiome vraiment helléniques.