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la philanthropie destinait à la liberté. Les femmes les plus distinguées par leur naissance, leur esprit et leur beauté, allaient de porte en porte, dans les salons et dans les ateliers, réclamant l'or du riche et le denier du pauvre. Un Français établi à Genève, M. Eynard, était devenu le correspondant le plus actif de tous les comités helléniques, M. Eynard employait une partie de son immense fortune à la cause de la Grèce. Il est question, dans sa correspondance, d'une somme de vingt mille francs remise entre ses mains par madame Adélaïde et son frère le duc d'Orléans. pour achats de médicaments destinés aux blessés de Missolonghi. C'est à lui que le roi Louis de Bavière faisait parvenir une somme de cent mille francs. On dansait pour les Grecs, on chantait pour les Grecs, on tirait des loteries pour les Grecs, et, pour la première fois peut-être dans les annales de l'histoire, on voyait une insurrection et une longue guerre encouragées et soutenues seulement par le produit de dons particuliers.

VII

Le mouvement des esprits qui avait commencé à Paris gagna toute l'Europe chrétienne. Des Anglais de l'aristocratie donnaient des sommes considérables. Lord Byron, le plus grand des poètes contemporains, sacrifiait à la cause de l'indépendance hellénique sa fortune et sa vie. Des emprunts étaient souscrits à Londres. Les gouvernements, entraînés par le courant irrésistible de l'opinion, résolurent enfin de s'opposer désormais à la prolongation de la lutte. La France, l'Angleterre et la Russie firent si-