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chantaient les Grecs; Victor Hugo exaltait Canaris, Casimir Delavigne célébrait dans une Messénienne l'héroïque résistance de Missolonghi; Béranger, Delphine Gay, retraçaient, dans des strophes ardentes, la lutte des Hellènes ; la lithographie, qui venait de naître, la peinture, la musique et le théâtre popularisaient les événements et les héros de cette guerre, qui trouvait dans les journaux du libéralisme des défenseurs déclarés. A la tribune de la Chambre des députés, des voix éloquentes s'élevaient aussi en faveur des Grecs, M. de Chateaubriand jetait à la Chambre des Pairs des paroles enflammées qui faisaient tressaillir toute la France : « Un chrétien peut-il arrêter les regards sans frémir sur l'asservissement de la Grèce ? s'écriait l'illustre écrivain. Le nom même qu'on ne peut prononcer sans respect et sans attendrissement n'ajoute-t-il pas quelque chose de plus douloureux à la catastrophe qui menace cette terre de la gloire et des souvenirs? Qu'irait désormais chercher le voyageur dans les débris d'Athènes? Les retrouverait-il ces débris? Et, s'il les retrouvait, quelle affreuse civilisation retraceraient-ils à ses yeux? Du moins le janissaire indiscipliné, enfoncé dans son imbécile barbarie, vous laissait en paix, pour quelques sequins, pleurer sur tant de monuments détruits; le saphi discipliné ou le grec musulman vous présentera sa consigne et sa baïonnette. »

VI

Des souscriptions étaient ouvertes dans les villes, dans les villages et jusque dans les hameaux, des comités recueillaient à Paris, à Londres et à Genève, les dons que