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misère; mais, au milieu de ses plus grands malheurs, la Providence semblait veiller sur ses destinées. La coopération d'Ibrahim avec Reschid pouvait achever la conquête de la Morée, retardée par la jalousie et l'opposition de ces deux pachas. La patrie hellénique était à deux doigts de sa perte, lorsqu'on reçut la notification du traité du 6 juillet faite officiellement au nom des trois puissances par sir Édouard Codrington, vice-amiral de Sa Majesté Britannique, M. de Rigny, contre-amiral commandant les forces françaises dans les mers du Levant, et par M. Timoni, commissaire délégué de l'empereur de Russie près la Sublime Porte.

V

Les gouvernements de l'Europe, qui avaient d'abord si mal accueilli le soulèvement des Grecs, dans lesquels ils ne voyaient que des sujets révoltés contre leur souverain légitime, étaient emportés, malgré tous leurs efforts, dans le courant de l'opinion publique. Les classes lettrées, qui exercent toujours une si grande influence, avaient tout d'abord applaudi avec transport à la résurrection de ce peuple, dont les antiques annales enflammaient tous les cœurs. Quand l'insurrection sembla sur le point de succomber, des comités s'établirent à Paris pour arracher à l'esclavage les enfants et les femmes grecs vendus par les Turcs sur les marchés de Smyrne et de Constantinople. L'opposition libérale prit l'initiative de cette organisation, naturellement bafouée par les feuilles cléricales qui, chose étrange! se déclaraient pour le croissant. Les poètes, ces échos des sentiments des peuples