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geaient sans obstacle, et ils trouvaient le pays si pauvre et si dépeuplé, qu’ils dédaignèrent toujours de s’y établir.

IV

Cependant quelques individus plus énergiques ne voulaient pas accepter cette vie d’angoisses et de terreurs perpétuelles. Renonçant à toute obéissance aux empereurs qui les défendaient si mal, ils se retranchaient au sein des défilés de l’Épire, de l’Étolie, de la Macédoine ; ils demandaient un asile à ce noyau de montagnes abruptes qui s’élève au milieu du Péloponèse ; ils peuplaient les îles abandonnées, les écueils inaccessibles dont l’Archipel est hérissé, et de là, sur des barques armées, couraient sus aux navires marchands de toutes les nations.

L’Épire possédait encore quelques-unes de ces villes d’origine pélasgique, aux remparts indestructibles, perchées sur le flanc des montagnes, au bord des précipices, comme des nids d’oiseaux de proie. Ces villes servirent de centre aux plus braves d’entre les habitants du pays ; et ils se formèrent en troupes indépendantes, commandées par des chefs de leur choix, qui furent les ancêtres des palikares, des armatoles, de tous ces guerriers qui ont repoussé le joug étranger jusqu’au jour de l’émancipation universelle. Le Péloponèse eut ses Maïnottes, ses Éleuthéro-Lacones ; les Étoliens demeurèrent toujours ce peuple d’indomptables pillards, de klephtes, que décrit Polybe. Plus occupés de la satisfaction des premiers besoins que des affaires de leurs compatriotes, ils laissèrent passer, du haut de leurs rochers, les invasions et les dominations successives, et ne déployè