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avaient déjà pénétré le fer à la main, lorsqu'une explosion épouvantable, arrachant le bastion de ses fondements, engloutit dans le même abîme vainqueurs et vaincus. La détonation est si forte, que les maisons voisines s'écroulent. Ibrahim et ses soldats, glacés d'épouvante, s'arrêtent au bord de ces ruines et attendent le jour, sans oser aller plus avant.

XIII

Cependant les fugitifs échappés aux horreurs de cette nuit étaient réunis au pied de l'Aracynthe, rendez-vous indiqué aux deux colonnes. Lorsque l'explosion du bastion vint leur apprendre que tout était consommé, ils se mirent en marche et s'engagèrent dans les défilés de la montagne avec la conviction qu'ils rencontreraient les troupes amies de Karaïs-Kakis; mais Ibrahim avait détaché deux de ses meilleurs bataillons dans ces gorges, et ce fut contre les soldats égyptiens que les Grecs vinrent se heurter. Le chemin se trouvant fermé, les Hellènes tentent de l'ouvrir à l'arme blanche. Les Égyptiens ripostent par des décharges de mousqueterie. Heureusement Karaïs-Kakis, averti par la détonation, accourt et force les soldats d'Ibrahim d'bandonner la position. Après quatre jours de marche, cette troupe épuisée arrivait à Salone, marquant ses étapes par les cadavres qu'elle laissait sur la route.

XIV

Les vainqueurs purent contempler, avec le lever du soleil, le désolant spectacle des ruines qu'ils avaient faites.