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nus. Mais, n'entendant rien, ils se levèrent en s'écriant: « Mort aux barbares! » et, le sabre en main, ils s'élancèrent sur les troupes égyptiennes.

XII

La seconde colonne, composée des Missolonghiotes, de leurs femmes et de leurs enfants, semblait n'avoir qu'à suivre la garnison qui lui ouvrait le passage avec le sabre; mais tout à coup elle est coupée et refoulée dans la ville par les Turcs et les Égyptiens, qui y entrent avec elle. Alors commence le plus horrible des massacres dont l'histoire ait jamais fait mention. Les musulmans poursuivent les Grecs de maison en maison, à travers des débris, à la lueur des foyers embrasés. Ils égorgent tout ce qui tombe sous leur main, sans distinction d'âge ni de sexe. Les femmes grecques, redoutant par-dessus toute chose de tomber vivantes entre les mains des vainqueurs, prennent leurs enfants dans leurs bras, et courent se précipiter dans le grand puits de la ville, qui fut bientôt comblé de cadavres. Un grand nombre se jettent sur les baïonnettes ennemies ou au milieu des maisons enflammées. Mille ou douze cents, qui ne trouvèrent aucun moyen de se donner la mort, devinrent la proie du vainqueur. Une foule d'autres femmes, d'enfants, de vieillards et de soldats blessés ou malades, qui n'avaient pu faire partie de l'expédition de sortie, s'étaient retranchés dans le magasin à poudre et dans le bastion Botzaris, sous lequel avaient été pratiquées des mines remplies de poudre. Les Turco-Égyptiens accourent en foule vers ce bastion, dans l'espérance d'y trouver les trésors des habitants. Plus de deux mille y