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bagages, munitions et tambours battants. Ibrahim voulut que la garnison fût prisonnière de guerre, mais celle-ci répondit qu'elle se ferait plutôt sauter que de se confier au pacha. La famine était horrible. Les habitants et les soldats ne se nourrissaient plus que de la chair des chevaux, des chiens, des souris, d'herbes marines et de crabes, qu'ils allaient pêcher jusque sous le feu des barques ennemies. On manquait de médicaments pour les malades et les blessés. La mortalité était effrayante.

IX

La ville en était réduite aux dernières extrémités. Toutes les communications venaient d'être définitivement coupées le 16 avril. Le 17 et le 18, des femmes, des enfants et des vieillards moururent de faim. Le 19 le mal s'accrut encore. Le jour suivant, Miaoulis attaqua de nouveau la flotte turque; mais que pouvaient faire de petits bateaux contre six vaisseaux de haut bord, dix frégates et quatre-vingt-dix autres bâtiments? Tous ses efforts furent inutiles.

Malgré l'horreur de cette situation, personne ne songeait à se rendre. Les soldats étaient décidés à périr sur la brèche, les vieillards et les femmes parlaient de miner la ville et de s'ensevelir sous ses ruines. Les principaux chefs, réunis en conseil, résolurent de s'ouvrir un passage les armes à la main à travers les rangs ennemis. On écrivit, en conséquence, aux généraux qu'on supposait sur les derrières de l'armée turco-égyptienne, de se porter sur le camp dans la journée du 22, et de donner avis de leur arrivée par une décharge sur les hauteurs de l'A-