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vant la direction du vent, un mouillage auprès de plusieurs bâtiments turcs. Les deux autres brigantins suivaient le premier à quelque distance, tous les trois étaient des brûlots. Le premier fut bientôt reconnu, et les Grecs qui étaient à bord, s'en étant aperçus, mirent aussitôt le feu à leur navire au vent de cent bâtiments marchands européens, puis tous les matelots se sauvèrent dans des chaloupes. La tentative ne réussit pas. Si elle avait été couronnée de succès, c'en était fait du port et de la ville d'Alexandrie.

XII

Vers la fin de cette année on apprit en Grèce la nouvelle de la mort d'Alexandre, empereur de Russie. Les Grecs, qui n'avaient pourtant pas à se louer du tzar, déplorèrent sa mort comme une calamité et rendirent les honneurs funèbres à sa mémoire. La situation de la Grèce à cette époque était terrible: elle était divisée, dévastée, ensanglantée; mais il faut dire, à l'éternel honneur du peuple grec, qu'au milieu de ses jalousies, de ses discordes, de ses passions si contraires au repos et à l'organisation d'un gouvernement régulier, il ne s'échappait aucune voix pour parler de soumission. La Grèce pouvait supporter tous les fléaux excepté le joug des anciens oppresseurs.