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membres des familles royales de l'Europe. L'empereur de Russie, qui s'était d'abord montré si favorable à la cause hellénique, n'avait pas même voulu accepter la proposition d'un simple protectorat. L'Angleterre avait songé à la possibilité d'une annexion de la Grèce aux îles ioniennes, possession britannique; mais, après avoir hésité pendant quelque temps, le cabinet de Londres avait fini par refuser l'offre des Hellènes. Repoussés de ces deux côtés, ils s'étaient adressés au duc d'Orléans, qui fit répondre, dans un mémoire écrit par Benjamin Constant, que « trois conditions étaient nécessaires pour que le jeune duc de Nemours acceptât la couronne de Grèce : l'établissement d'un gouvernement constitué en monarchie constitutionnelle, selon les règles inscrites dans la charte française; l'existence d'une armée régulière organisée à l'européenne et capable de protéger le nouveau royaume au dedans comme au dehors; enfin l'assentiment de toutes les puissances de l'Europe. »

VII

Pendant que les chefs politiques de la Grèce s'absorbaient dans ces chimériques poursuites de protection étrangère, les points les plus exposés du territoire restaient sans défense. Prévenu par les agents de l'Autriche de l'état de la situation, Ibrahim, qui avait ramené sa flotte à l'ile de Candie, où il l'avait fait hiverner, jugea que le moment était favorable pour reprendre la mer. Une division forte de sept à huit mille hommes mit à la voile de Candie et débarqua sous les murs de Modon sans que la