Page:Edmond Texier - La Grèce et ses insurrections, 1854.djvu/34

Cette page n’a pas encore été corrigée

indépendante. Il possédait une armée de trente mille hommes organisés et exercés à l'européenne. Mahmoud, conseillé par le cabinet autrichien, résolut de faire servir cette force à la répression de l'insurrection en Grèce. Il s'adressa à son vassal et lui donna, pour prix du service qu'il lui demandait, le pachalick de la Morée. Méhémet Ali accepta avec empressement.

IV

Dans les derniers jours de juillet 1824, seize mille hommes d'infanterie, huit cents chevaux, deux parcs d'artillerie et des compagnies de sapeurs-mineurs s'embarquaient à Alexandrie sur une flotte de soixante-trois bâtiments égyptiens. L'expédition était commandée par le fils de Méhémet, Ibrahim Pacha. Il se dirigea sur l'île de Rhodes et rallia la flotte du sultan. Avec ces forces considérables, Ibrahim se mit à la recherche des Grecs et les rencontra dans les eaux de Samos. Les Grecs n'avaient que soixante voiles; mais, soutenus par la confiance que leur avaient inspirée leurs exploits précédents, ils se dirigent vers l'ennemi, précédés par cinq brûlots. L'aspect des navires incendiaires glace d'effroi les Turcs et plusieurs vaisseaux du sultan prennent la fuite. Canaris, à bord d'un brûlot, va droit au vaisseau-amiral, l'aborde, s'y accroche et l'incendie. D'autres vaisseaux sont également incendiés. Tous les vaisseaux turcs qui ont échappé aux flammes prennent le large. La marine égyptienne tient seule; mais, malgré les efforts d'Ibrahim et de ses officiers, la plupart Européens, sa flotte suit la flotte du sultan. Poursuivi