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XIV

C'était le mois du ramadan, et les mahométans passaient, sur leurs vaisseaux, la nuit en festins. Toute la flotte était illuminée, et le vaisseau amiral se distinguait des autres par une prodigieuse quantité de lumières diverses. Outre l'équipage, qui était fort nombreux, une foule immense était venue de tous les autres navires sur ce vaisseau pour contempler la tête d'un chef grec exposée comme trophée à sa proue. Canaris s'élance, met le feu à son brûlot, l'accroche au vaisseau amiral, et se jette dans un canot qui prend le large. Les flammes dévorent aussitôt les flancs du navire. Tout le canal est éclairé, le capitan-pacha se précipite dans une chaloupe pour se sauver; mais, au moment où il va prendre le large, une antenne enflammée tombe sur l'esquif et le renverse; le capitan-pacha est noyé, et l'explosion des batteries du gros navire lance en l'air des milliers de jambes, de bras et de têtes. La mer roule des flots de cadavres.

XV

Dans le même moment, le brûlot de Pipinos s'était attaché au vaisseau du capitan-bey, mais les Turcs coupent aussitôt les grappins et parviennent à se dégager. Il court çà et là, répand partout la terreur et va mettre le feu à un autre bâtiment. Les victimes de Chios étaient vengées!