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IX

Janina était assiégée depuis plus d'une année, et elle allait être forcée de capituler, lorsque Kurchid-Pacha, qui commandait l'armée du sultan, proposa une entrevue à Ali, qui, après de longues hésitations, y consentit. Ali avait auprès de lui un jeune séide appelé Féhim, lequel était chargé de veiller, avec une mèche allumée, sur les trésors du pacha. Ces trésors étaient placés sur des barils de poudre. Dès qu'Ali fut arrivé dans l'ile où l'attendait Kurchid, celui-ci, qui avait réuni autour de lui des troupes fidèles, fit annoncer à Ali que son pardon était arrivé de Constantinople, et que, leurs vœux communs étant exaucés, il convenait de donner ordre à Féhim d'éteindre la mèche fatale. A ces derniers mots, Ali comprit qu'il était perdu. En vain il demanda à se rendre en personne à sa palanque; on renouvela les premières protestations, et Ali, à demi rassuré par un dernier reste d'espoir, céda. Tirant de son sein un signe particulier, il le remit à l'envoyé de Kurchid, disant : << Présentez cet objet à Féhim, et le terrible dragon se changera en un agneau timide. » En effet, à la vue du talisman, Féhim se prosterna, éteignit la mèche et fut aussitôt poignardé.

X

Cependant Ali, entouré de ses plus déterminés séides, attendait dans son kiosque la visite de Kurchid. Tout à coup le vieux pacha vit une troupe de chefs s'avancer vers lui. A leur aspect, il se leva avec impétuosité, portant la