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tacle; mais le moment n'était pas encore venu où elle devait intervenir pour mettre fin à la lutte.

V

A ces massacres de Constantinople la Grèce répondait par un soulèvement universel. Partout les Turcs sont attaqués, dépouillés et tués. Les îles de l'Archipel arment de nombreux navires, et un marin intrépide, Jacob Tombasis, est nommé amiral des insurgés. Le nouveau navarque, posant la main sur l'Évangile, prononce ce serment: « Je jure, au nom du vrai Dieu, protecteur souverain. de la justice, effroi des méchants et des ennemis de la loi, au nom de la liberté pour laquelle nous combattons, de remplir les engagements qui me seront imposés. »

La flotte ottomane, commandée par le vice-amiral Méhémet-Bey, sortit du port de Constantinople. Cette flotte se composait d'énormes vaisseaux à plusieurs rangées de canons, et les Grecs n'avaient à leur opposer que de légères embarcations; comment suppléer à cette inégalité?

Un vieux marin ipsariote vint dire à l'amiral Jacob Tombasis: «En 1770, quand la flotte turque était retirée dans la baie de Tsesmé, les Russes, qui l'avaient suivie de près, lui lancèrent une espèce de bâtiment à feu et la réduisirent en cendres. Je fus alors un de ceux qui conduisaient ces machines incendiaires; je connais l'art d'en construire, et je vous en garantis le succès. » L'amiral met aussitôt à sa disposition trois bricks; l'Ipsariote les remplit de matières combustibles, cloue à leurs bords des