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II

Le jour même le chef hétériste écrit une lettre à l'empereur de Russie pour lui annoncer qu'il a déroulé l'étendard de la croix et pour le supplier de venir en aide aux Hellènes. Alexandre était au congrès de Leybach quand la lettre d'Ypsilanti lui parvint. Le czar sembla ému tout d'abord et même assez disposé à secourir la Grèce; mais l'Autriche veillait dans la personne de M. de Metternich. Celui-ci met sous les yeux de l'empereur Alexandre de fausses correspondances établissant des rapports directs entre les hétéristes, les libéraux français et les carbonari. Alexandre, trompé, sacrifie alors ses sympathies pour ses coreligionnaires à ses craintes politiques, et il désavoue complétement l'insurrection grecque et la conduite de son ancien aide de camp.


Le désaveu de l'empereur Alexandre, aussitôt répandu à pleines mains dans les provinces danubiennes, vient arrêter l'essor de la révolution. Ypsilanti avait vu affluer autour de lui presque toute la noblesse du pays; mais, lorsque la décision de l'empereur de Russie fut connue, le chef hétériste se vit tout à coup abandonné de ses officiers et d'une grande partie de ses soldats. Dans sa situation désespérée, il pense d'abord à quitter les provinces qu'il occupe et à gagner l'Épire; mais, poursuivi, traqué de toutes parts, il est forcé de se réfugier sur le territoire autrichien après avoir combattu comme un lion. L'Autriche