Page:Edmond Texier - La Grèce et ses insurrections, 1854.djvu/19

Cette page n’a pas encore été corrigée

de quarante jours à Constantinople, au seuil doré de félicité, pour se justifier. En même temps une armée fut envoyée vers Janina, et une flotte mit à la voile pour faire une descente sur les côtes d'Épire.

XIII

Instruit de l'orage qui se préparait, Ali convoqua les chefs chrétiens, tant Grecs qu'Albanais, et les appela aux armes. Pendant vingt ans le féroce pacha avait été le persécuteur des Grecs de cette partie de l'empire turc. Cependant le plus grand nombre n'hésita pas à répondre à son appel. Le sultan Mahmoud, de son côté, convoqua les rayas de l'Épire, qui avaient tant souffert des cruautés du pacha, et entraîna quelques tribus sous la bannière du croissant. Les Grecs se trouvaient donc partagés en deux camps. Cependant Ali avait eu connaissance par sa jeune femme, qui était Grecque, de l'existence de l'hétérie, et il parvint à se faire affilier à l'association. Les agents d'Ali avaient intercepté une lettre de Ghâleb-Effendi qui annonçait au séraskier Ismaël-Pacha, commandant l'armée du siége, la découverte de l'hétérie et lui enjoignait de ne pas épargner les membres de l'association après la prise de Janina. Ali communiqua cette lettre aux chefs hétéristes; aussitôt ceux-ci effrayés accourent en foule vers Ypsilanti, et le conjurent de ne plus différer de donner le signal de la révolte générale. Ypsilanti résiste encore. Il n'a ni armée, ni munitions de guerre, ni flotte. Enfin, vaincu par les supplications de ses amis, il cède à leurs vœux; il prend aussitôt toutes ses dispositions, envoie de l'argent