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de Russie, où, comme le dit M. de Lamartine, depuis l'antiquité les Scythes accueillent les Grecs. Il avait perdu un bras en combattant contre les Français en Allemagne. Après avoir reconnu que l'empereur Alexandre ne verrait pas éclater avec déplaisir l'insurrection en Grèce, il accepta le poste de généralissime, sous la condition qu'on retarderait le plus possible le moment de l'explosion, afin qu'il eût le temps de faire les préparatifs nécessaires. Il s'entendit avec l'hospodar de Valachie, Michel Soutzo, prince grec du Fanar, qui ferma les yeux sur les manœuvres des hétéristes. Puis les émissaires d'Ypsilanti se répandirent dans la Valachie, la Moldavie, la Servie, l'Épire, les provinces chrétiennes et le Péloponèse.

XII

Des événements survenus dans le voisinage de l'ancienne Grèce vinrent contraindre Ypsilanti de précipiter le mouvement.

Ali de Tébélen, Albanais, devenu pacha de Janina, avait profité de l'état de dépérissement où se trouvait l'empire turc par suite de la séditieuse turbulence des janissaires pour se constituer au cœur de l’Épire une sorte de souveraineté indépendante. Maître d'une armée qui ne connaissait que ses ordres, il signait des traités de paix et d'alliance avec les États voisins et recevait leurs représentants à sa cour. Mais Mahmoud était bien décidé à rompre avec la politique indolente de ses prédécesseurs. Sur son ordre, Ali fut déclaré firmanli, c'est-à-dire qu'il fut mis au ban de l'empire, et reçut l'ordre de se présenter dans le délai