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histoire de l'abbaye des écharlis

plus grande résignation ! » Et, pour clôture : « Domine Deus… si corruerint super nos, mala, gladius, pestilentia et fames, stabimus in conspectu luo… et clamabimus ad te in tribulationibus nostris et exaudies salvosque facies ! (Paralipomènes, 2, XX, 9.) Seigneur, mon Dieu, si la maladie, le glaive, la peste et la famine viennent fondre sur nous, nous nous tiendrons fermes en votre présence, nous pousserons nos cris vers vous ; vous nous exaucerez et nous sauverez. » Quoi de plus touchant et éloquent que ces aspirations ! Elles nous font assister aux derniers moments de l’abbaye, après nous les avoir fait pressentir. »

L’Assemblée Constituante supprime en effet, le 13 février 1790, les ordres religieux et les vœux monastiques ; un an après, les moines quittent leur abbaye, abandonnant leurs immenses biens à l’État qui leur donne en échange une modique pension, promptement réduite au tiers consolidé. Bientôt, il ne leur sera même plus permis de porter le titre et l’habit de ministre des autels, et ils seront obligés, pour éviter la persécution et se soustraire à la mort ou à la prison, de se cacher ou de chercher asile sur la terre étrangère.

François Guériot part le premier[1]. Le 15 ou 16 septembre 1790, il se présente au district de Joigny : il déclare qu’il veut profiter de la liberté accordée par l’Assemblée aux religieux désireux de sortir du cloître et se relire dans sa famille. Le Directoire arrête de suivre, à son égard, les décrets de l’Assemblée Nationale et, comme il n’a rien touché de sa pension, de lui en donner un certificat. Dans une lettre au Directoire, il rappelle, le 5 novembre 1790, sa déclaration du 16 septembre, annonce qu’il envoie son extrait de baptême et de profession et, comme il n’a rien emporté ni touché, donne procuration à Guillemineau, notaire, de toucher ce qui lui revient. Le 4 avril 1791, il lui écrit de Pont-à-Mousson qu’il a envoyé une lettre le 17 mars, disant qu’il n’est pas payé, bien que trois quartiers de sa pension soient échus ; il demande qu’on paye ce qui lui est du à Guillemineau.

On ne sait ce que Guériot est devenu. Son nom ne se trouve ni aux archives de Pont-à-Mousson, ni à celles de Meurthe-et-Moselle[2].

  1. Archives de l’Yonne, série Q, abbaye des Écharlis.
  2. Lettre de M. le Secrétaire de mairie de Pont-à-Mousson, 10 mars 1913.