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histoire de l'abbaye des écharlis

Salomon, dans son histoire de l’abbaye, dit qu’au témoignage des anciens, on mène « bonne et joyeuse vie » aux Écharlis. La règle, fort adoucie, rend aux religieux l’existence douce et agréable. La déclaration de l)om Choppin[1] les montre abondamment pourvus de personnel, linge, vin, vaisselle, etc. ; mais il n’y a rien de luxueux et le personnel leur est nécessaire pour l’entretien du monastère, de la vigne et du pré qu’ils se sont réservés. S’ils avaient mené « joyeuse vie », des marques d’antipathie n’auraient pas manqué de se produire dont il nous serait resté d’autres preuves que des racontars de vieillards[2]. Or les bons procédés employés à leur égard montrent qu’on les entourait d’une certaine vénération. On les sait très charitables et, lorsque deux administrateurs du district de Joigny viennent à l’abbaye le 18 novembre 1790, ils n’apposent point les scellés parce que les religieux donnent souvent l’hospitalité à des passants. « Les aumônes, est-il dit dans l’inventaire de Dom Choppin, sont considérables dans un pays comble celui-ci qui produit peu et dont les habitants ont toujours l’avantage de trouver à l’abbaye des ressources pour soulager leur misère. » Un autre document contient l’éloquent éloge d’un prieur : la belle croix qui se trouve au milieu du nouveau cimetière, bénie le 7 février 1782[3], « a été donnée par Dom Mauroy, prieur des Écharlis, à qui la paroisse a beaucoup d’autres obligations, beaucoup plus essentielles ! Il a toujours été un excellent religieux, le père des pauvres, le consolateur des affligés, etc. ». Les moines des Écharlis étaient donc de bons religieux.

Leur abbé, Gaspard de Coriolis, jouit peu de temps de la restauration et meurt en 1774, après 34 ans d’une sage administration. La même année, il est remplacé par Guillaume Barnabé du Roch du Mauroux, docteur en Sorbonne, vicaire général de Reims, dernier abbé des Écharlis.

Comme son prédécesseur, du Mauroux prend des fondés de pouvoir.

Le 3 décembre 1774[4], il constitue pour son « procureur

  1. Arch. de l’Yonne, série Q, abbaye des Écharlis, 28 janvier 1790.
  2. Beaucoup de gens de la campagne ne considèrent que le travail des champs.
  3. Arch. de l’Yonne, G G, Villefranche. Cette croix a pour base un grand chapiteau orné de quatre feuilles d’eau dont le tailloir est large de 0 m. 90 et qui doit provenir de la primitive église.
  4. Étude de Villefranche. Maszé fait des baux ou reçoit des re-