Page:Edmond Régnier - Histoire de l'abbaye des Écharlis.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
71
291
histoire de l’abbaye des écharlis

pendant 63 ans. On rapporte qu’il « gouverna[1] l’abbaye avec beaucoup de sévérité et qu’il s’est fait lui nom par sa hauteur et sa causticité ». « La nature[2] l’avait doué, dit-on, d’un caractère farouche ; ses gestes étaient des ordres, ses paroles des arrêts ».

Au commencement, cependant, le 6 novembre 1669[3], il se reconnaît obligé, dans un acte fait par Chamillard, notaire à Villefranche, de donner aux religieux, pour eux et leurs aumônes, tout ce qui est stipulé dans le règlement de 1612. Il prend même comme fondé de pouvoirs le prieur des religieux, François Flaypoux, qui, en son nom, fait le 10 septembre 1673[4] l’aveu et dénombrement des domaines appartenant à l’abbaye : 1o la terre et seigneurie de l’abbaye ; 2o la maison abbatiale avec droit de justice, haute, moyenne et basse ; 3o la Maison-Rouge ; 4o la rivière avec droit de pêche et de barque au ponton. Quelques actes aussi sont faits par les religieux[5] ; mais en 1675[6], Roger loue lui-même, à

  1. Menu de Chomorceau, Notes historiques, manuscrit in-4o appartenant à M. l’abbé Horson, doyen de Villeneuve-sur-Yonne, qui m’a transcrit ce qui concerne Roger de Courtenay.
  2. Amand de Saint-Amand, Souvenirs du château de Prunoy, octobre 1825. Manuscrit appartenant à M. Delomois, instituteur à Chevillon, et provenant de la bibliothèque de M. de Goyon, ancien propriétaire du château de Prunoy. De Saint-Amand rapporte le fait suivant que nous aimons mieux considérer comme une légende : « Voulant un jour régler les finances de son abbaye, le frère trésorier est mandé, ses comptes sont nébuleux, sa concussion est hors de doute, le prince a prononcé, quatre hommes le saisissent, un fer atroce en fait un nouvel Abeilard ; quand on punit ainsi un dépositaire infidèle, que fait-on à un adultère ? » D’après Menu de Chomorceau, « c’est lui (Roger de Courtenay) qui, ayant appris qu’un de ses religieux avait fréquenté une femme, le fit attacher sur une table et lui fit faire par un chirurgien l’opération d’Abélard ». Menu a écrit ses notes après la Révolution et de Saint-Amand en 1825, c’est-à-dire longtemps après la mort de Roger.
  3. H 650, liasse.
  4. H 653, liasse.
  5. Le 28 juin 1673, les moines louent les dîmes du grand et du petit Arrêt pour 66 livres la première année et 70 livres par an les deux autres années et deux paires de poules à la Saint-Bernard. (H 665, liasse.) — Le 5 juillet 1674, ils vendent à Côme et Eustache Tonnelier, marchands à Villefranche, la coupe de la forêt Labbé, qu’ils devront commencer le 1er octobre et achever à la fin de mai, pour 680 livres tournois ; 250 dans la quinzaine et le reste à la Saint-Jean-Baptiste. (H 659, liasse.)
  6. H 651, liasse. Le 26 juin 1678, Nicolas Henri, ouvrier à