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histoire de l'abbaye des écharlis

Boisseau et les religieux de pareille quantité de grain que l’abbaye lui donne à la Saint-André.

L’abbaye a sans doute loué des revenus à Boisseau comme précédemment à Thoratier. Elle avait loué[1], le 27 juillet 1604, pour trois ans, à Philippe Thoratier, praticien, demeurant à Villefranche, les dîmes de l’Arrêt» grand et petit, et la moitié de celles de Villefranche (l’autre moitié appartenant au curé), pour 150 livres tournois (environ 1.200 fr.), payables en deux fois, à la Saint-Jean et à Noël.

Le besoin d’argent la rend sévère pour ses débiteurs.

Elle fait saisir[2], en 1606, plusieurs habitants pour le paiement de dix milliers de tuiles, 2 poules et 3 sols parisis qu’ils lui doivent, et fait arrêter Mathurin Martroy. Les prévenus en appellent au juge des Écharlis qui donne gain de cause aux moines, le 9 décembre 1606, puis au prévôt de Villeneuve qui confirme, le 9 juin 1607, la sentence du juge des Écharlis et les condamne aux dépens.

Après une cinquantaine d’années de paix, les Écharlis subissent un nouveau malheur. Pendant la Fronde, l’armée des princes de Condé, de Beaufort et de Nemours, campée aux environs de Châteaurenard et de Châtillon-sur-Loing, ravage les campagnes environnantes. Au mois d’avril 1652[3], les habitants de Villefranche et des Écharlis sont dans l’inquiétude : ils s’attendent à recevoir la néfaste visite des soldats de Condé.

Croyant mettre en sûreté leurs personnes et leurs biens, les habitants des villages voisins de l’abbaye transportent leurs meubles dans les salles désertes du monastère. Les religieux, au contraire, mettent ce qu’ils ont de plus précieux dans vingt grands coffres, les chargent sur un chariot et les transportent, la nuit, dans une chambre du château de Chevillon où le prieur se retire avec quelques moines. Les autres religieux restent à l’abbaye.

Les craintes sont malheureusement trop fondées.

500 ou 700 cavaliers de l’armée de Condé, armés de pistolets et de fusils, arrivent, en effet, le jeudi de Quasimodo, vers 8 heures du matin, mettent pied à terre près de l’abbaye et commencent à escalader les murs. Derrière ces murs, se trouvent plusieurs habitants de Villefranche, entre autres

  1. H 665, liasse.
  2. H 653, liasse.
  3. H 650, liasse.